Le destin m’a montré la voie du petit bus rouge. À l’occasion de la Fête des Lumières de Lyon, j’ai appris l’existence d’un festival du film d’aventures. Ma source en avait fait l’expérience et ne pouvait que me le recommander chaudement. Ma sœur n’avait qu’une crainte, que je veuille un jour avoir mon propre petit bus rouge.
Restait à savoir si je pourrais m’y rendre. De Lyon à Paris, le tour serait-il toujours sur les routes? Événement prisé d’une communauté avertie, resterait-il des places? Tandis que les préventes affichaient complet, les billets ne pouvaient être obtenus qu’auprès du Vieux Campeur. Une dure réalité en semaine.
Mais découvrir ce festival à quelques jours de son passage à Paris était un signe. Le soir venu, j’ai tenté ma chance au MK2 Bibliothèque où se déroulait l’événement. Grâce à ma force de solitaire et à la liste d’attente, j’ai pu obtenir un billet qui n’avait pas été réclamé quand l’heure a sonné. Une chance pleine de sens!
Une salle d’arts et d’aventures
Une collection de séquences de vies plus incroyables les unes que les autres a envahit la salle de projection. Les vidéos étaient tournées de manière spectaculaire. Les équipes, issues d’une école du film d’aventures, avaient autant de mérite que les sportifs de l’extrême au centre de l’écran, parfois suspendues à des câbles au-dessus d’une cascade sauvage. Par d’autres occasions, les artistes étaient les sportifs eux-mêmes. Ils détenaient plus d’un talent dans leur palette d’art.
Les moments présentés dépassaient la limite du sport. Plutôt un choix de vie bien loin de la planète Terre telle qu’on la connait. Des projets fous à nos yeux naïfs, des vérités évidentes pour d’autres. On ne penserait pas à vivre de telles expériences, on n’en aurait aucunement la capacité, mais voir de telles prouesses de vie présente, non seulement, une beauté hors du commun, et rappelle qu’on ne connait jamais vraiment ses limites.
Descente en ski d’une montagne sauvagement raide, expédition en kayak à travers la jungle, rêve de surf polaire qui fait de la survie un mode de vie… Un stand-up-paddle descend la rivière jusqu’au moment ou la cascade le dévore, mais en ressort. Du côté du cercle polaire, beaucoup plus au nord, une paire d’amis construit un abris pour l’hiver polaire à partir de déchets rejetés par la mer sur une place foulée pour la première fois. Car il n’est pas de moment plus fort pour eux que de surfer les vagues dans cet environnement isolé, seul au monde.
De la préparation d’une aventure, à son déroulement hors de contrôle, en passant par les doutes et l’étincelle de bonheur des aventuriers, chaque étape de leur récit était à couper le souffle.
Où est passé le petit bus rouge ?
Arrivée la pause, je m’interrogeais. Quel est ce petit bus rouge que je n’aurais pas dû voir?
Une histoire incroyable, de magiciens de haute voltige, d’artistes des airs, un cirque de tous les exploits. Ce qui marque les esprits, ce n’est pas simplement les prouesses techniques, c’est leur attitude. Ce film avait une âme. Le petit bus rouge.
La manière de présenter leur histoire était captivante. Alpinistes, grimpeurs, slackliners, parachutistes, base jumpers, acrobates et clowns, ils avaient toutes les cordes à leur arc. De quoi fournir un magasin de harpes. Les voir tout faire relevait de l’art, avec leur style, leur caractère. Ce n’était pas des prouesses sportives, c’était leur manière d’être. Gravir une montagne que peu graviraient, y installer une slackline entre deux pics, la traverser en dansant, puis plonger le long de la paroi avant d’ouvrir son parachute… la beauté pure.
Imaginez par-dessus tout ça qu’ils escaladent des parois déguisés, pour tout lâcher ensuite et glisser avec leur wingsuit ou ouvrir directement le parachute. Le plus mémorable d’entre eux, arborait systématiquement une perruque de clown, et à cette occasion, le costume complet, équipé de ses chaussures oranges géantes. Un modèle de chaussons d’escalade nouvelle génération. De véritables artistes!